Pour revenir à la question....il faut réviser quelques notions fondamentales.
Contrairement au calcul de l'énergie du projectile, l'énergie du recul est surtout fonction de la masse du projectile.
Lors de l'explosion de la poudre la pression s'exerce de toutes parts, sur les parois du barillet et sur le projectile. C'est l'obstacle le plus faible qui cède en premier...donc le projectile qui est ainsi expulsé avant que la pression ne fasse sauter le barillet. Plus le projectile est lourd, plus il a d'inertie et plus longtemps il "résiste" avant d'avancer en permettant à la pression de retomber. Bien sûr la charge de poudre a son importance mais c'est la masse du projectile qui influe le plus (avis aux matheux pour les formules
)
Pour illustrer: à energie égale du projectile, la combinaison
projectile léger à haute vitesse produit moins de recul que la combinaison
projectile lourd à vitesse plus basse.Une partie de l'énergie développée est ainsi encaissée par l'arme. C'est sa masse qui absorbe une partie de l'énergie, le reste étant transmis au tireur. C'est pour ça qu'une arme lourde recule moins qu'une arme légère à munition égale.
Maintenant que se passe-t-il entre un Colt 36 et un Colt 44 de même conception?
L'énergie de recul est d'abord transmise au barillet qui en absorbe une part en fonction de sa masse et transmet le reste à la carcasse qui à son tour en absorbe avant de transmettre le reste au tireur.
A charge égale, la balle de 36 ayant une inertie moindre que celle de 44, le recul engendré est plus faible. Le barillet du navy ayant des parois épaisses et donc une masse supérieure à celui en 44 va absorber une part plus importante de l'énergie de recul et en transmettre à la carcasse bien moins que le barillet de 44. Hors c'est au niveau de la transmission de l'énergie de recul du barillet à la carcasse que les efforts mécaniques sont les plus importants.
Moindre énergie de recul, plus grande absorbtion de l'énergie par le barillet donnent donc des efforts très limités sur la carcasse, ce qui explique la bonne tenue du laiton sur les Navy.
Une autre contrainte mécanique particulièrement éprouvante pour les armes à carcasse ouverte, c'est le forcement de la balle dans le canon. A ce moment l'ensemble barillet-carcasse est pousé en arrière alors que canon est poussé en avant. Il y a donc des efforts importants sur la clavette, l'axe de barillet et sa fixation dans le bouclier. Là aussi le calibre rentre en ligne de compte mais aussi le profil du projectile. La balle ronde va plus facilement passer le cône de raccordement et s'imprimer dans les rayures qu'une balle cylindrique. Si en plus le calibre de la balle en sortie de barillet est plus faible que le diamètre du canon à fond de rayures, les efforts de forcement seront encore diminués. C'est ce type de calibrage qui est d'ailleurs choisi par les fabricants de réplique pour améliorer la longévité des armes.
Un Navy en calibre 36 tirant des balles rondes avec un 1,2 gr de PN a donc toutes les chances d'avoir une longévité comparable à celle d'un 44 en acier tirant la même charge , sachant que les aciers utilisés sont mécaniquement peu résistants.