Bonjour à tous,
Il y a quelques temps, je m'étais rendu chez mon armurier, uniquement dans le but d'acheter des amorces. Mais, dans la vitrine des occasions, il y avait ça :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]C'est un Pietta RebNord 1851 "Sheriff"en calibre .36, il n'était pas tout jeune (AP = 1986), mais comme il n'était pas cher, quelques dizaines d'euros, moins cher qu'une cartouches de clopes, je me suis laissé tenter...
Un premier examen visuel de l’arme m’a donné la certitude que si l’arme avait très peu tiré, elle avait été en revanche beaucoup manipulée, sans précautions particulières, et, étant donné l’état du chien et des cheminées, elle avait en particulier subi beaucoup de percussions « à vide »…
J'ai donc décidé de le remettre en état.
Ce qui suit n'a pas a prétention d'être un tutoriel, mais simplement un petit résumé des actions accomplies :Sur les conseils d’un camarade de club, armurier professionnel, je me suis d’abord intéressé à la liaison mécanique canon-carcasse.
Petit rappel de la technologie Colt :Quand on enfonce la clavette pentée dans son logement, elle vient en contact en « A » avec l’axe du barillet, et en « B-B’ » avec la console du canon, ce qui a pour effet de « tirer » le canon vers l’arrière, jusqu’à ce que l’extrémité de l’axe de barillet vienne en contact avec le fond de son logement dans la console du canon :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Mais, quand ce contact est établi, que se passe-t-il au niveau de l’interface carcasse-canon (vous savez, là où se trouvent les deux petites goupilles…) ?
La vérification consiste, barillet enlevé, d’enfiler le canon sur l’axe, et de faire tourner l’ensemble, et…
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]… merdre, ça bute. A l’œil, l’interférence est d’environ 0,5 mm, mais il convient de la mesurer avec plus de précision.
Pour cela, j’ai posé sur l’extrémité de l’axe une rondelle normalisée de Ø4, d’épaisseur 0,8 mm, et là…
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Le jeu mesuré avec des cales d’épaisseur est de 0,2 mm.
Pour qu’il y ait à la fois contact de l’extrémité de l’axe avec le fond de son logement, et contact au niveau de l’interface canon-carcasse, et cela sans déformation engendrant des contraintes mécaniques, il faut donc prévoir, en bout d’axe, une cale de 0,8 - 0,2 = 0,6 mm.
Il est à noter que, sans cette cale, et grâce aux jeux des pièces en cause et à l’élasticité des matériaux les constituant, quand on enfonçait la clavette, on avait quand même les deux contacts axe-fond de logement et canon-carcasse à l’interface, mais que le canon était dévié vers le haut.
Par chance, j’avais de la tôle en laiton de 0,63 mm d’épaisseur…
La rondelle a été découpée à la pince coupante, et finie à la lime, en utilisant une rondelle pour vis M4 (Ø extérieur 8 mm) comme gabarit.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]La première rondelle que j’ai faite a roulé au sol tandis que je la rectifiais entre deux limes, impossible de la retrouver, j’en ai donc refait une seconde… et le lendemain, en entrant dans la pièce, la première chose que j’ai vu au sol, c’est la première rondelle…
Plus tard, après nettoyage, cette rondelle sera collée à l’Araldite sur l’extrémité de l’axe.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Plus tard, je souderai peut-être cette rondelle à l'étain, solution plus élégante que le collage, mais, tant que ça tient...
L’arme a été ensuite complètement démontée :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Au démontage de chaque vis, j’ai pris soin de noter ses caractéristiques (Diamètre, longueur, dimensions de la tête, nombre de vis identiques…)
A noter que toute la visserie est métrique, M4 et M5, cheminées en M6 x 0,75.
Comme la vis de clavette était manquante, ça m’a permis de la remplacer facilement, enfin pas si facilement que ça : dans ma boite de visserie M4, qui contient plus d’un kilo de vis, écrous et rondelles de cette dimension, il y avait une seule vis à tête fendue, que j’ai dû couper à la bonne longueur.
Après nettoyage, polissage des parties frottantes, et graissage, le revolver a été remonté sans difficulté particulière.
Cheminées :
Comme signalé plus haut, les cheminées avaient été sérieusement malmenées, matées en forme de champignon par des percussions à vide. Après démontage, sans trop de difficulté, à part pour deux d'entre elles qui m'ont donné un peu de mal, elles ont été rectifiées avec une petite lime diamantée, et remontées, le filetage enduit avec une pâte anti-grippage au cuivre.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Le « V » tenant lieu de hausse, situé sur le chien, a été légèrement approfondi à la lime « tiers-point ». Cet ajustage sera affiné après la détermination du « bon » chargement, lors des prochains essais en stand.
Pour l’instant, je ne me suis occupé que de la mécanique, les interventions touchant à l’esthétique auront (peut-être…) lieu ultérieurement.
Ah si, j’ai quand même ébavuré la clavette, qui avait été honteusement matraquée, et j’ai bleui ses extrémités, ainsi que la tête de sa nouvelle vis, avec un mini chalumeau.